Diaporama : L’aide des bénévoles locaux au Népal

Texte et photos de Juliette Rousselot

LALITPUR, 5 mai 2015 (IRIN) – « La première aide reçue par la centaine de résidents de Dalchowki, un village du Centre-Ouest, n’a pas été fournie par le gouvernement, les Nations Unies ou l’une des nombreuses ONG internationales arrivées après le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 qui a secoué le pays il y a une semaine. Elle est venue d’un réseau spontané de bénévoles locaux, qui sont souvent les premiers sur les lieux. 

« Partout où nous sommes allés, les gens nous ont dit, « Vous êtes les premières personnes que nous voyons. Nous n’avons pas vu le gouvernement, nous n’avons pas vu les organisations », a dit Nayantara (elle a préféré ne pas donner son nom), qui participe à l’organisation du groupe de bénévoles. « La Croix-Rouge a pu accéder à certains villages, mais elle aussi travaille avec des ressources limitées ». 

Les 24 maisons du village de Dalchowki, situé à trois heures de route de Katmandou, la capitale, ont été entièrement détruites par le tremblement de terre ou ont subi des dégâts tels qu’elles sont inhabitables. Depuis une semaine, les résidents du village partagent une dizaine de tentes de fortune en plastique ; ils expliquent qu’ils ont des réserves de nourriture et d’eau pour quelques jours seulement. 

Vendredi, les quelques bénévoles qui ont pu rejoindre le village en empruntant un chemin de terre montagneux uniquement praticable en 4x4 ont distribué des bâches, des sachets de nouilles déshydratées et des biscuits salés ainsi que des médicaments contre la diarrhée.
Depuis le tremblement de terre du 25 avril, les bénévoles se sont rendus dans une vingtaine de villages, dont Dalchowki. Tous les matins, de bonne heure, ils se réunissent dans leur bureau de Patan, ville du district de Lalitpur et ville jumelle de Katmandou, située au sud de la capitale ; ils déterminent les priorités, divisent le groupe en équipes et chargent les quelques provisions qu’ils ont à l’arrière de leurs camionnettes. Ensuite, ils prennent la direction des petits villages éparpillés sur les versants des massifs népalais. 
 

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Le groupe compte une centaine de membres, des autochtones, des expatriés et des touristes qui se sont rassemblés naturellement après le tremblement de terre pour voir ce qu’ils pouvaient faire. Leurs provisions proviennent de dons privés. Ils essayent de travailler discrètement pour éviter que le gouvernement ne mette un terme à leurs activités ou qu’il ne détourne leurs fonds. 

Des petits groupes comme celui-ci sont apparus dans différentes zones : ils viennent en aide à leur communauté pour parer à l’absence d’aide plus officielle. Certains villages traversés par le groupe ont été quasi-entièrement détruits par le tremblement de terre et la majorité d’entre eux attendent encore de recevoir une aide substantielle d’organisations humanitaires plus importantes. Certains survivent avec très peu depuis le tremblement de terre. 

Pour identifier les villages dans le besoin, les bénévoles passent des appels téléphoniques et utilisent les groupes Facebook qui ont été créés dans ce but depuis le séisme. 

Un médecin accompagne chaque équipe de bénévoles : il dispense les premiers secours, distribue des médicaments et sensibilise les communautés sur les questions d’assainissement. 

Le docteur Amit Joshi, un jeune médecin qui a pris congé de son poste de praticien dans une clinique privée pour participer à l’intervention à titre de bénévole, dispose de fournitures médicales limitées. Il ne peut guère faire plus que recommander aux patients ayant subi de graves blessures de se rendre à l’hôpital le plus proche pour recevoir des soins. Mais il suffit de voir le visage des villageois pour comprendre que le fait de se faire examiner par un professionnel de la santé leur apporte un peu de réconfort dans cette période très difficile.

Les deux premiers jours ont été très chargés, car il y avait beaucoup de blessés. Depuis, M. Joshi voit principalement des blessés légers, mais beaucoup d’entre eux n’ont pas accès aux soins dans ces villages isolés, ils n’ont pas accès à l’eau potable et ils vivent dans des conditions de promiscuité ; ils sont donc exposés aux risques d’infections et de maladies infectieuses. 

Manque d’approvisionnement

Les interventions des bénévoles, comme celles des autres organisations, sont entravées par le manque de fournitures humanitaires. « Nous recevons un nombre infini de demandes, des gens nous disent qu’ils ont besoin d’aide ici et là ; nous avons suffisamment de bénévoles pour intervenir dans ces endroits, mais nous n’avons pas suffisamment de fournitures », explique Nayantara.
 
Leurs deux principales priorités sont la distribution de fournitures médicales et de bâches pour aider les communautés à construire des abris. Il a été particulièrement difficile de trouver des médicaments pour les enfants qui sont parmi les plus affectés par la catastrophe. Le docteur Joshi explique : à cause des pénuries locales, les bénévoles ont été contraints de se rendre dans des villes proches de la frontière indienne – une région du Népal qui n’a pas été affectée par le tremblement de terre - pour acheter des fournitures et les ramener à Katmandou. Ils n’ont que quatre 4x4.

Rien ne remplace les grandes organisations

Les bénévoles fournissent un travail important, mais les organisateurs sont conscients de leurs limites. 

« Cela n’est pas grand-chose ; nous en sommes tout à fait conscients. Et le gouvernement, les agences des Nations Unies et les grandes organisations ne doivent pas se dire que ‘ces citoyens sont montés, cela ne vaut plus la peine d’y aller’. Il ne s’agit que de la première réponse », dit Nayantara.

Mais pour ces communautés, voir des bénévoles venir des grandes villes est rassurant, même s’ils ne leur apportent que de quoi survivre quelques jours de plus. 

Vendredi, les bénévoles avaient prévu de se rendre dans sept autres villages, mais ils n’ont trouvé que des ruines à Jhakridanda, et des dizaines d’habitants des villages et hameaux voisins se sont précipités vers leur camionnette. La nouvelle s’était répandue que l’aide était enfin arrivée. 

Les provisions apportées ont vite disparu. 

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