LES RÉFUGIÉS DE MOINS EN MOINS BIEN ACCUEILLIS EN ALLEMAGNE

Les images d’Allemands accueillant les réfugiés avec des acclamations et des oursons en peluche à la gare de Munich début septembre ont fait le tour du monde, mais l’accueil que reçoivent les demandeurs d’asile dans les villes, les villages et les zones rurales du pays où ils finissent par se retrouver est souvent bien différent.

Par Kristy Siegfried à Pirna, Allemagne

Frau Fischer a 17 élèves dans le cours d’allemand intermédiaire qu’elle donne à l’école professionnelle de technologie et d’économie de Pirna, une ville médiévale pittoresque située dans l’État allemand de la Saxe. La plupart de ses élèves sont des jeunes hommes originaires d’Afghanistan, d’Irak et de Libye. 

Mme Fischer les a récemment encouragés à utiliser les mots allemands correspondant aux adverbes « parfois », « souvent » et « toujours » pour parler de leurs activités quotidiennes habituelles, et notamment des cours d’allemand auxquels ils assistent tous les matins de la semaine.

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La professeure d’allemand Marita Fischer avec deux de ses élèves réfugiés (Kristy Siegfried/IRIN)

Il s’agit là de l’un des efforts de première ligne déployés par l’Allemagne pour intégrer les 570 000 demandeurs d’asile qui sont arrivés au pays jusqu’à présent cette année et qui viennent s’ajouter aux 200 000 demandeurs d’asile reçus en 2014. On s’attend en outre à ce que plusieurs centaines de milliers d’autres affluent dans le pays d’ici la fin de l’année. 

Le défi logistique que représentent l’enregistrement, l’hébergement et l’alimentation de tous ces nouveaux arrivants n’est qu’un premier obstacle pour les autorités allemandes. La prochaine étape sera probablement beaucoup plus difficile et pourrait prendre plusieurs décennies.

Les nouveaux réfugiés auront en effet besoin d’un soutien considérable pour réussir à s’intégrer dans des communautés ayant une expérience très limitée des autres cultures. Un long processus d’ajustement attend les réfugiés et leurs nouveaux voisins.

La plupart des jeunes hommes de la classe de Mme Fischer sont arrivés en Allemagne il y a plusieurs mois, avant que le nombre de nouvelles arrivées atteigne les niveaux observés aujourd’hui. Leur transition d’un centre d’accueil initial à un logement à long terme à Pirna et dans les villes environnantes s’est plutôt bien passée. Ils n’ont pas eu à attendre très longtemps avant de pouvoir commencer les cours d’allemand financés par l’État, même s’ils sont nombreux à attendre une décision au sujet de leur statut de réfugié. 

S’ils réussissent à maîtriser la langue et à obtenir un statut légal leur permettant de rester au pays, ils pourront se bâtir une nouvelle vie en Allemagne, un pays qui a besoin de jeunes travailleurs pour redynamiser sa main-d’œuvre vieillissante. En attendant, l’État allemand leur fournit un logement gratuit et une allocation de subsistance mensuelle.

« La plupart n’ont pas d’emploi. Ils doivent parler allemand pour trouver du travail », m’a dit Marita Fischer. « Ils veulent tous travailler, mais nous leur disons qu’ils doivent d’abord apprendre l’allemand. »

Des écoles professionnelles comme celle de Pirna peinent à suivre la demande créée par l’afflux des nouveaux arrivants. L’école offre actuellement trois cours simultanés d’allemand par jour, mais, selon Mme Fischer, le ministère de l’Éducation a demandé qu’elle commence à en offrir cinq.

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Mme Fischer pose une question à Mohamed Abu-Baker, un réfugié libyen (Kristy Siegfried/IRIN)

Les parcours éducatifs très différents des nouveaux élèves rendent la tâche de Mme Fischer particulièrement difficile. L’un d’eux, un jeune homme de 17 ans, n’a jamais fréquenté l’école dans son pays natal, l’Irak, et n’a pas appris à lire dans sa propre langue. D’autres ont reçu une éducation supérieure dans leur pays et maîtrisent déjà d’autres langues.

C’est un gros problème. Nous avons besoin de professionnels pour faire ça. Nous ne pouvons pas résoudre le problème avec des bénévoles.

Les règles établies par l’Allemagne en ce qui concerne l’éligibilité aux cours de langue et d’intégration subventionnés par le gouvernement sont complexes et évoluent constamment. Ceux qui n’ont pas le statut de résident sont généralement exclus, à moins qu’ils aient entre 18 et 27 ans (il existe un programme distinct pour préparer les enfants d’âge scolaire à l’école allemande).

Pour les demandeurs d’asile plus âgés qui n’ont pas la résidence, il n’existe qu’une poignée de programmes pilotes de formation professionnelle incluant quelques heures d’allemand. Un nouveau programme financé par l’Agence fédérale pour l’emploi vise à offrir des cours d’allemand à tous les demandeurs d’asile, même ceux arrivés depuis peu, mais sa mise en oeuvre n’est pas terminée. Pour le moment, de nombreux nouveaux arrivants dépendent des efforts déployés par des bénévoles pour leur enseigner l’allemand.

« C’est un gros problème », a dit Petra Schickert, qui coordonne une initiative d’aide aux réfugiés dirigée par des bénévoles à Pirna. « Nous avons besoin de professionnels pour faire ça. Nous ne pouvons pas résoudre le problème avec des bénévoles. »

Des 1 400 demandeurs d’asile de plus de 27 ans qui vivent dans la région, 15 seulement ont été acceptés dans l’un des programmes pilotes de formation, a dit Mme Schickert. « Pour les autres, il n’y a rien », a-t-elle ajouté.

Si les occasions d’intégration sont limitées pour de nombreux réfugiés qui continuent de se démener pour apprendre l’allemand et entrer sur le marché du travail, elles sont pratiquement inexistantes pour les plus de 700 demandeurs d’asile nouvellement arrivés qui sont logés dans un ancien magasin de rénovation grande surface situé dans la ville voisine de Heidenau. 

Les journalistes n’ont pas le droit de pénétrer à l’intérieur du bâtiment, mais Asmir et Ahmad, deux jeunes Syriens qui y vivent déjà depuis près de deux mois, m’ont dit que les conditions y étaient sinistres et l’atmosphère, tendue.

« Il y a trop de monde. Je pense qu’il y a déjà 1 000 personnes là-dedans et il continue d’en arriver chaque jour », a dit Asmir, qui porte toujours les vêtements qu’il avait le jour de son arrivée – des shorts et un t-shirt sans manches – malgré la fraîcheur automnale. « Les toilettes sont sales. Ils les lavent chaque jour, mais il y a simplement trop de gens qui les utilisent. »

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Asmir (gauche) et son ami Ahmad à l’extérieur du foyer de demandeurs d’asile à Heidenau (Kristy Siegfried/IRIN)

Il m’a montré des photos d’hommes, de femmes et d’enfants dormant dans des tentes et des conteneurs à l’intérieur du vaste bâtiment. Des combats éclatent régulièrement entre les résidents, qui passent des heures à faire la file pour obtenir de la nourriture, prendre leur douche et faire leur lessive.

Des installations de fortune semblables à celle-ci émergent un peu partout au pays. La Croix-Rouge allemande et d’autres ONG et volontaires font de leur mieux pour répondre aux besoins essentiels des demandeurs d’asile, mais ces derniers sont contraints de séjourner de plus en plus longtemps dans des endroits comme celui-ci en attendant d’enregistrer leur demande d’asile, qui doit être déposée en personne. Le nombre d’enregistrements doit en outre être contrôlé vu l’engorgement des bureaux gouvernementaux locaux.

« J’aimerais obtenir mes papiers et aller ailleurs. Je veux aller à Berlin », a dit Asmir, qui sait très bien qu’il n’a pas le droit de quitter Heidenau ou d’obtenir des aides du gouvernement tant qu’il ne sera pas amené par bus à la branche de l’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) située à Chemnitz, la seule ville de Saxe où il est possible d’enregistrer une demande d’asile.

On ne peut pas laisser ces gens dans les camps indéfiniment. On peut leur donner de la nourriture et des vêtements, mais ce qu’ils veulent, c’est une vie.

Le délai maximum d’attente pour l’enregistrement d’une demande d’asile était de trois mois, mais la chambre basse du Parlement allemand a récemment adopté une loi prévoyant de faire passer à six mois le temps de séjour maximal des demandeurs d’asile dans les centres d’accueil temporaires. L’adoption de la nouvelle législation, qui doit encore être approuvée par la chambre haute, montre que l’on s’attend à de nouveaux délais.

Le BAMF a annoncé l’embauche de 2 000 employés supplémentaires pour accélérer le traitement des demandes, mais, selon Andrea Hübler, conseillère auprès d’Opferberatung, une ONG basée à Dresde, « il ne se passe rien et il y a trop de bureaucratie ».

« On ne peut pas laisser ces gens dans les camps indéfiniment », a-t-elle dit. « On peut leur donner de la nourriture et des vêtements, mais ce qu’ils veulent, c’est une vie. »

Les délais d’enregistrement ne font qu’allonger le temps nécessaire pour identifier les migrants dits « économiques », qui viennent engorger encore davantage le système d’asile. La législation récemment adoptée prévoit également l’ajout du Kosovo, de l’Albanie et du Monténégro à la liste de pays d’origine « sûrs » établie par l’Allemagne. La Serbie, la Macédoine et la Bosnie sont déjà sur la liste. Les demandes issues de ces pays des Balkans comptent pour 38 pour cent des 303 400 demandes d’asile reçues par l’Allemagne entre janvier et septembre 2015. 

Théoriquement, les demandes d’asile déposées par les ressortissants de ces pays seront désormais immédiatement rejetées et les demandeurs d’asile, déportés. Or, en réalité, l’Allemagne n’affiche pas un très bon bilan en ce qui concerne l’exécution des ordonnances de retour. Selon les chiffres d’Eurostat, 27 pour cent seulement des 128 290 personnes considérées comme étant « illégalement présentes » sur le territoire en 2014 ont reçu l’ordre de quitter le pays et moins de 22 000 personnes ont été renvoyées de force.

L’un des élèves de la classe de Mme Fischer, Mohamed Abu-Baker, un jeune Libyen de 25 ans, a vu sa demande d’asile rejetée parce que ses empreintes digitales avaient été relevées à son arrivée en Italie. En vertu du Règlement de Dublin de l’UE, la demande d’asile doit être déposée – et traitée – dans le premier pays européen dans lequel la personne est arrivée. Les autorités allemandes l’ont renvoyé en Italie, mais il est revenu et il vit maintenant dans un foyer de réfugiés. Il reçoit une allocation de subsistance et une incitation financière supplémentaire pour assister aux cours d’allemand, et ce, même s’il n’a pas le droit de travailler. Il n’a pas encore reçu d’ordonnance de retour. 

« L’Allemagne est le meilleur endroit, car le gouvernement nous respecte », a-t-il dit.

À long terme, l’intégration des migrants comme M. Abu-Baker sera pratiquement impossible. Leur présence dans le pays alimente de plus belle le sentiment anti-migrants, qui est par ailleurs particulièrement prononcé en Saxe. 

En vertu de la « clé de Königstein », un mécanisme mis en place pour répartir les demandeurs d’asile entre les 16 États régions en fonction de leur population et de leurs revenus fiscaux, la Saxe doit accueillir 5,1 pour cent des nouveaux arrivants. Cela peut paraître peu, mais il faut savoir que l’on s’attend à ce qu’au moins 800 000 demandeurs d’asile arrivent en Allemagne d’ici la fin de l’année, ce qui signifie que la Saxe devra absorber environ 41 000 nouveaux résidents au sein d’une population de 4 millions de personnes. 

L’arrivée de ces demandeurs d’asile entraînera un changement démographique important en Saxe. Avant l’afflux actuel, les migrants récents comptaient pour seulement 1,3 pour cent de la population et 1 pour cent seulement des habitants pratiquaient une religion autre que le christianisme en 2011.

Jusqu’à récemment, la diversité de Pirna se résumait à quelques restaurants chinois et à une poignée d’immigrants que l’on tenait à distance. Comme dans de nombreuses autres régions de l’ex-Allemagne de l’Est, la population fait preuve de méfiance, voire d’une franche hostilité envers les étrangers, et en particulier ceux qui ne sont pas chrétiens.

Selon Opferberatung, une ONG qui offre du soutien aux victimes de crimes de haine, le nombre d’attaques racistes visant des étrangers a doublé en Saxe depuis la création de Pegida, un mouvement anti-islam et anti-migrants né en octobre 2014 à Dresde, à une demi-heure de voiture de Pirna.

« Dès qu’on annonce l’ouverture d’un nouveau foyer de réfugiés, vous pouvez être certain qu’ils vont tenter de l’empêcher » a dit Mme Hübler, de l’ONG Opferberatung. « La nuit dernière, des nazis ont incendié une vieille école de Prohlis [un quartier de Dresde] qui était destinée à accueillir des réfugiés. »

Jusqu’à présent cette année, les autorités allemandes ont enregistré plus de 490 attaques du genre à l’encontre de foyers de demandeurs d’asile, soit le double du nombre enregistré pour l’année 2014. Les deux tiers des attaques étaient menées par des citoyens locaux n’ayant pas de dossier criminel.

On croyait au départ que l’idéologie de PEGIDA (qui signifie « Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident ») trouverait écho auprès d’une petite minorité d’extrémistes de droite, mais l’opposition véhémente du mouvement à la politique d’accueil allemande lui a valu le soutien croissant de gens ordinaires qui ne se décriraient probablement pas comme des néonazis. Le mouvement populaire a célébré son premier anniversaire la semaine dernière à Dresde avec un rassemblement qui a attiré plus de 10 000 personnes. 

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Le rassemblement organisé à Dresde pour célébrer le premier anniversaire de Pegida a attiré autant de contre-manifestants que de supporteurs du mouvement (Andrei Pungovschi/IRIN)

« Nous avons un gros problème, car Pegida fait sortir ces racistes de chez eux et les encourage à attaquer les gens », a dit Markus Kemper, qui travaille avec Mme Schickert sur l’initiative dirigée par des bénévoles à Pirna. « Mais il y a aussi plus de gens qui se portent volontaires pour aider les réfugiés, et cela nous laisse croire qu’il est possible de vivre ensemble ici. »

Nous avons un gros problème, car Pegida fait sortir ces racistes de chez eux et les encourage à attaquer les gens

Les réfugiés et les demandeurs d’asile que j’ai rencontrés à Pirna et dans la ville voisine de Heidenau ont tous dit avoir rencontré à plusieurs reprises des « néonazis », sans doute des supporteurs de Pegida. 

« Les néonazis vous voient comme un ennemi ; je suis tombé sur eux à plusieurs reprises », a dit Mohammed Stanikzai, un jeune Afghan de 19 ans qui vit dans un foyer de réfugiés dans la ville de Bad Schandau et qui assiste aux cours d’allemand à Pirna. « Ils veulent se battre... Ils disent : ‘Va-t’en d’ici ! Retourne chez toi !’ L’un d’eux m’a craché de la bière dessus. »

M. Stanikzai a cependant aussi reçu de l’aide de la part de ses voisins, qui lui ont prêté un vélo et l’ont amené faire du tourisme avec d’autres habitants du foyer. « Dans tous les pays, il y a toutes sortes de gens », a-t-il dit en haussant les épaules.

M. Stanikzai a dit que la police s’était montrée serviable, mais, selon Mme Hübler, aucune poursuite n’a été engagée contre des auteurs d’agressions jusqu’à présent. Les attaques à l’encontre des réfugiés sont par ailleurs de plus en plus violentes. « Les attaquants voient qu’il n’y a pas de conséquences et ils continuent », a-t-elle dit.

L’ouverture d’un foyer de demandeurs d’asile à Heidenau en août a provoqué des manifestations particulièrement violentes et l’animosité de la population envers ceux qui y vivent persiste encore aujourd’hui. 

Le bâtiment est clôturé et surveillé en tout temps par des gardes de sécurité, mais Asmir a dit que des néonazis passaient souvent en voiture la nuit et lançaient des feux d’artifice par-dessus la clôture. Une semaine avant mon arrivée, quatre Pakistanais avaient été battus après s’être aventurés en ville. La majorité des résidents du bâtiment préfèrent maintenant rester à l’intérieur en dépit des conditions sinistres qui y règnent.

Neamat Kanaan, une jeune Libanaise de 30 ans qui vit à Pirna depuis cinq ans avec ses deux enfants, accueille avec enthousiasme l’arrivée de nouveaux réfugiés dans la région. « Quand nous sommes arrivés, nous étions les seuls réfugiés », a-t-elle dit. Elle raconte que des nazis avaient l’habitude de venir sur son balcon et de faire du bruit pendant les premiers mois après son déménagement dans un appartement situé au rez-de-chaussée d’une tour à logements de Sonnenstein, un quartier à faible revenu de Pirna.

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Deux réfugiés afghans marchent dans le quartier de Sonnenstein, où sont logés la majorité des réfugiés de Pirna (Andrei Pungovschi/IRIN)

Il y a maintenant trois autres familles de réfugiés dans le même bâtiment et Mme Kanaan s’est proposée pour jouer le rôle de médiatrice et de traductrice. « Je dois aider, parce que personne ne m’a aidée quand je suis arrivée ; c’est pour ça que c’était si difficile », m’a-t-elle dit. Sa demande d’asile a été rejetée, mais elle ne pouvait pas retourner au Liban. Elle a passé deux ans dans un centre d’accueil initial avant d’être transférée à Pirna. Un médecin avait recommandé son transfert en raison des problèmes psychologiques qu’avait développés sa fille.

Mme Kanaan vit dans un vide juridique depuis : elle ne peut pas travailler ou quitter Pirna et elle dépend du soutien de l’État. Les « nazis » ne viennent plus sur son balcon, mais elle a vécu, ainsi que ses enfants, d’innombrables épisodes de racisme flagrant. Deux jours avant notre rencontre, deux filles ont attaqué Sara, sa fille de 13 ans, alors qu’elle marchait dans la rue. 

Sara n’avait pas très envie de parler de l’incident, mais elle a dit qu’elle n’avait pas d’amis allemands à l’école. Avec l’arrivée d’autres familles de réfugiés à Pirna, elle peut maintenant socialiser avec d’autres enfants arabophones. « Avant, j’étais la seule, mais nous sommes nombreux maintenant », a-t-elle dit. 

La famille sera éligible pour obtenir un permis de résidence de trois ans qui leur permettra de s’installer où bon leur semble lorsque Sara aura fréquenté l’école allemande pendant six ans. Mme Kanaan compte les jours. Elle aimerait aller s’installer à Hanovre, où habitent quelques personnes qu’elle connaît. 

Pendant notre entretien, deux nouvelles amies syriennes sont venues lui rendre visite. Mme Kanaan s’est empressée de leur préparer du café et de leur servir de quoi grignoter. Aisha, 28 ans, et Fidaa, 29 ans, des cousines de Damas, m’ont raconté que Mme Kanaan les avait aidées à s’inscrire à des cours d’allemand et à trouver des vêtements et des livres d’occasion et leur avait fait visiter Dresde. 

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Neamat Kanaan (au milieu) et sa fille Sara accueillent des amies syriennes dans leur salon (Andrei Pungovschi/IRIN) 

« C’est la personne la plus gentille de tout Pirna ! » a dit Fidaa, qui a un diplôme de sciences sociales et qui commencera bientôt des cours d’allemand à Dresde. La jeune femme a l’intention de créer une ONG pour aider les autres réfugiés une fois qu’elle aura appris l’allemand.

Les deux femmes, qui ont déjà le statut de réfugié, n’ont pas l’intention de rester à Pirna.

À moins que des programmes soient mis en place pour faciliter l’aide et l’intégration, les communautés locales risquent de contre-attaquer

La chancelière Angela Merkel est reconnue pour avoir vivement condamné les attaques contre les réfugiés et exhorté les Allemands à accueillir à bras ouverts les nouveaux arrivants, mais le soutien dont bénéficiait l’approche d’ouverture de son gouvernement commence à s’effriter. Pirna est peut-être plus conservatrice que de nombreuses autres villes allemandes, elle n’est pas non plus une exception, en particulier dans l’ex-Allemagne de l’Est. Ainsi, à moins que davantage d’Allemands ne soient persuadés que les réfugiés peuvent, avec un peu d’aide, apporter une contribution positive à leur communauté, ils risquent d’être de plus en plus nombreux à participer aux rassemblements de Pegida. Il est possible que les réfugiés puissent seulement réaliser leurs rêves de vie meilleure dans quelques-unes des villes les plus cosmopolites du pays.

Les chercheuses Loren Landau et Elizabeth Wellman ont récemment signalé que la politique d’asile allemande pourrait, malgré ses bonnes intentions, avoir des conséquences fâcheuses si elle ne s’accompagne pas d’efforts parallèles pour obtenir l’adhésion politique des communautés locales. Elles ont cité comme exemple la descente vers l’abîme de la xénophobie qui s’est produite en l’Afrique du Sud malgré la politique généreuse du pays envers les réfugiés.

« À moins que des programmes soient mis en place pour faciliter l’aide et l’intégration, les communautés locales – en particulier celles qui ont l’impression d’être pauvres ou marginalisées – risquent de contre-attaquer », écrit-il.

ks/ag

Photo de bannière par Andrei Pungovschi